Mon interview paru dans le journal Ivoirien « L’Intelligent »
30 novembre 2022
Bonjour chers miens je vous présente mon interview paru dans le journal Ivoirien "L'INTELLIGENT" du 19 Août 2022 sur l'Association Filles à l'école.
30 novembre 2022
Bonjour chers miens je vous présente mon interview paru dans le journal Ivoirien "L'INTELLIGENT" du 19 Août 2022 sur l'Association Filles à l'école.
Bonjour chers miens je vous présente mon interview paru dans le journal Ivoirien « L’INTELLIGENT » du 19 Août 2022 sur l’Association Filles à l’école.
Ouattara Aminata:
« Voici comment nous faisons reculer le mariage précoce des filles dans le Zanza »
Journaliste: Juriste de formation, Ouattara Aminata est la présidente de l’association « Filles à l’école et solidarité », basée en France et ayant la Côte d’Ivoire comme champ d’action. Elle nous a rendu visite à notre Rédaction pour nous accorder cette interview dans laquelle, elle présente le tableau noir des jeunes filles de Sandegué dans la région du Zanzan.
Présentez-nous votre association?
A.O : « Filles à l’école et solidarité » est une association créée.
en février 2014 en France, Elle est à but non-lucratif,
Nous sommes une association de droit de français dont les membres sont tous bénévoles.
Journaliste : Quel est l’objectif principal de la création cette association?
A.O: Nous avons pour objectif de corriger les inégalités entre filles et garçons en luttant contre l’analphabétisme des filles et des femmes en milieu rural. Ainsi, l’association leur permet une meilleure insertion dans le tissu socio-économique.
Journaliste: Étant ivoirienne, que faites
vous pour la Côte d’Ivoire ?
A.O: Nous pensons qu’en éduquant les petites filles à sautonomiser, à s’émanciper, c’est éduquer une nation. Nous permettons à ces petites filles de pouvoir participer pleinement aux activités socio-économiques
de la région, de la Côte d’ivoire, et pourquoi pas du monde entier.
Journaliste: Que faites-vous pour le
Zanzan, votre région ?
A.O: Au niveau des jeunes filles, nous menons une campagne de sensibilisation à la scolarisation des petites filles. parce que nous sommes dans une zone très rurale, marquée par le patriarcat et tous les préjugés que l’on peut avoir autour des jeunes filles. Et donc, par la scolarisation, nous souhaiterions permettre à ces jeunes filles-là de s’émanciper et de participer comme je l’ai dit tantôt, à l’épanouissement et au bien-être de la population.
Journaliste: Quels sont les actes que vous
avez déjà posés dans le Zanzan, surtout à Sandégué ?
A.O: A Sandégué, nous avons, grâce à l’association, pu mettre en place un programme de scolarisation des petites
filles du Cp au Cmz, notamment 100 jeunes filles Et aujourd’hui 40 jeunes filles
ont eu le Cepe et ont été primées le 13 février 2022.
Journaliste: Comptez-vous suivre ces
jeunes filles dans leur cursus scolaire?
A.O: Oui ! Nous avons décidé surtout avec les résultats que nous avons eus. Pour une première fois, nous, avons été épatés par le travail qui a été abattu parce qu’il faut dire que ces petites filles travaillent dans des conditions très difficiles. Pour certaines, il n’y a pas d’électricité, malgré tout cela, elles ont eu des points qui ont dépassé notre entendement, ont dépassé ce que nous avions prévu au préalable. Et donc, pour vous dire que la première de ces filles a eu près de 150 points sur 170. C’est quelque chose d’encourageant et à saluer, Du coup, nous avons décidé de suivre ces filles jusqu’en
classe de Terminale..
Journaliste: Etes-vous sure que vous arrachez ces filles là au mariage précoce ?
A.O: Oui ! Parce que c’est un autre pan de notre travail de sensibilisation, parce que
ces petites filles sont reléguées à un second plan comme je le disais tantôt, elles sont destinées aux travaux domestiques ou destinées aux travaux champêtres. Ensuite, elles font un tour à Abidjan comme des bonnes et après cela, c’est le mariage précoce. En donc, permettant la scolarisation de ces petites filles, leur suivi dans le temps, en leur permettant de faire un métier, nous leur donnons la liberté de faire le choix de leur vie tant sur le plan du mariage que professionnel. Nous les arrachons d’une façon ou d’une autre au mariage précoce. L’un de nos buts est de faire reculer le mariage précoce dans cette zone.
Journaliste: Sandégué est réputé être un
vivier de bonnes en Côte d’Ivoire, en la matière que faites-vous?
A.O: Justement, c’est parce qu’elle est réputée être un vivier de bonnes que nous
avons décidé de prendre notre bâton de pèlerin et de faire comme le colibri, ajouter notre pierre à l’édifice pour permettre à ces petites filles de renverser la tendance, faire en sorte que Sandégué soit un vivier de cadres pour d’abord Sandégué ensuite pour la Côte d’ivoire.
Journaliste: Quels sont les actes que vous
avez posés à Sandégué?
A.O: A Sandégué, nous avons déjà pu réunir les parents de ces filles et sensibiliser à les scolariser. Nous avons réuni ces petites filles, les recruter et les scolariser. Comme je l’avais dit, il y’a un programme qui a été mis en place et une sorte d’expérimentation sur 100 filles. Et cette expérimentation sur 100 filles nous a emmenés à avoir 40 qui ont eu leur Cepe, cette année. Donc, ce sont des actes concrets. Et nous intervenons dans la
scolarisation qui comprend des kits scolaires, des vêtements scolaires pour les petites filles, la cantine et puis participons également à la santé des petites filles. Donc,
voilà les actes concrets que nous posons sur le terrain pour faire reculer cette mentalité de petites filles qui doit être reléguée au second plan.
Journaliste: Quels ont été les résultats
scolaires de ces filles ?
A.O: Au début de notre aventure, nous avions un taux de scolarisation des petites filles dans la zone de 20% et aujourd’hui, nous nous
rendons compte que nous avons un taux de scolarisation des petites filles de 60%, Et, j’en prends pour preuve que cette année au Cepe, sur les 1158 élèves admis, nous avons 566 filles soit 63,05% de filles Donc, c’est un travail qui a été fait, il est à saluer et les petites filles sont aussi à féliciter. C’est dire que les mentalités sont en train de changer. Et nous en sommes contents.
Journaliste: Quels sont les retours que
vous avez au niveau de la population, au niveau de la Dren de Sandégué?
A.O: Nous avons de bons retours. La preuve, hier (Ndrl le dimanche 14 aout 2022). lors de notre manifestation, toutes les instances locales étaient présentes notamment les chefs coutumiers, les chefs et guides religieux, les chefs de service, les autorités locales, le député, le maire, Ils étaient tous là et il faut dire que ces résultats sont le fruit d’un travail de longue haleine et d’un travail de coordination entre toutes ces instances.
Journaliste: Lorsqu’on parle d’aide, cela
sous-entend des moyens financiers. D’où tirez-vous vos moyens?
A.O: Nos moyens financiers sont de plusieurs ordres. Le premier, ce sont les partenaires là-bas notamment les parrains, parce que nous le faisons par parrainage. Nous expliquons au parrain que nous sommes dans une zone très rurale où la question de l’éducation de la petite fille se pose avec acuité donc, à travers les explications, les parrains nous font confiance, nous donnent une somme par mois et la somme a été fixée à 20 Euros par mois ce qui fait 240 Euros par an, par enfant, et c’est ce qui nous permet de suivre ces filles. Ca, c’est le premier volet de financement. Le second volet, nous donnons des conférences, nous intervenons dans des écoles en France en les sensibilisant aussi à tout ce qui est solidarité internationale. Et donc, cela fait un deuxième volet. Le troisième volet, les conférences que nous donnons dans certains endroits de la France nous permettent de financer une partie. Et la dernière partie de ficancement, ce sont les ventes que nous faisons au profit de l’association.
Journaliste: Nous avons constaté que votre travail repose essentiellement sur la jeune fille. Et le petit garçon?
A.O: Il faut bien dire qu’il y a un gros écart parce que j’ai dit notre objectif est de corriger l’écart entre les filles et les garçons. Du coup, notre travail s’est essentiellement porté sur les jeunes filles parce que ce sont elles qui sont, aujourd’hui, en retard, en retrait. Et donc, il faut changer les mentalités pour qu’il y ait la question du genre, pour que la question du genre soit vraiment à son équilibre Dans une
société, nous avons deux pôles le pôle masculin et le pôle féminin. Nous nous nous rendons bien compte que le pôle féminin est en retard et nous avons pris le bâton de pèlerin pour pouvoir atteindre le même niveau, Et donc parler d’émancipation et parler d’égalité de droit entre homme et femme.
Journaliste: Quelles sont vos perspectives pour ces filles de Sandegué?
A.O: Il faut rappeler qu’en matière de perspective, en ce moment, nous sommes sur un projet de construction de la maison familiale pour les petites filles dans le cadre de leur suivi. Sandégué est un département de 36 villages, et nous, nous intervenons que dans 7 villages. Ces villages sont un peu éloignés de la ville. Quand les petites filles ont le Cepe, il faut qu’elles viennent à Sandégué pour le collège et souvent la distance fait que les parents essaient de s’organiser pour trouver un logement à Sandégué. On a constaté qu’à leur arrivée, avec le dépaysement, les petites filles lâchent les études puisqu’elles sont dépaysées et ne sont pas aux côtés de leurs parents. Pour pallier cela, nous avons décidé de mettre en place une maison familiale pour accueillir ces filles et leur donner un cadre serein, sécurisé afin qu’elles puissent continuer les études et qu’on atteigne ensemble nos objectifs. On essaie de les libérer, de les émanciper totalement.
Journaliste: Combien va coûter la construction de cette maison
commune?
A.O: Pour le moment, nous sommes à 37.500 Euros. Sur ces 37.500 Euros, nous avons déjà eu un financement de 6.000 Euros de notre région en France, Centre-Val de Loire qui a aimé le projet et nous a fait confiance. Nous sommes à la recherche d’autres financements pour pouvoir construire effectivement la maison familiale. C’est pour cela que nous appelons les autorités à nous venir en aide pour que cette maison puisse voir le jour. Nous avons aussi répondu à un appel à projet et nous attendons les réponses.
Journaliste: Les autorités ivoiriennes, pour ne pas dire le ministère de l’éducation nationale sait-il ce que vous faites sur le terrain ?
A.O: Nous avons déjà rencontré Mme Kandia Camara quand elle était ministre de l’Education nationale et là, nous sommes en contact avec Mme Mariatou Koné qui lui succède. En ce moment, nous avons fait une demande d’audience et nous attendons.
Journaliste: Quel message avez-vous à véhiculer?
A.O: Le message que nous avons à véhiculer, c’est que nous sommes dans une zone très reculée, où les filles et les femmes de cette zone marquées par la pauvreté, parce qu’il faut rappeler que cette zone a pour seul moyen de subsistance, l’agriculture familiale. Et donc du coup, hormis l’agriculture familiale, nous n’avons rien dans cette zone. Donc, il serait intéressant que vous, y compris l’éducation nationale se tourne vraiment vers cette zone sinistrée qui est en manque d’infrastructures scolaires. Il faut vraiment avoir de la détermination pour y aller pour aider les petites filles. Et donc nous appelons le ministère de l’Education nationale à vraiment nous aider à mettre en place des projets. Nous ne venons pas substituer le ministère de l’Education nationale. Nous venons en complément. Voilà le message que je voudrais lancer.
Interview réalisée par Mamadou Ouattara